Deux danseuses sortent de la nuit, vêtues de leur seul maquillage d’indien, couleur terre, et harnachées de structures en bois. Elles tendent un bras, une jambe, et offrent ainsi un appui à leurs partenaires : corneilles, étourneaux, geais, perruches, pies… Une corneille danse un pas de deux avec une jeune femme en sautillant le long de son corps, d’une extrémité d’un pied jusqu’au bout des doigts, des étourneaux s’ébrouent dans un miroir d’eau tandis qu’une danseuse leur donne la réplique…
Quatre danseurs et une vingtaine d’oiseaux évoluent ainsi de concert dans un ballet atypique et fascinant, poétique et esthétique, terriblement fragile aussi. Car la présence d’oiseaux en scène, si elle est, bien sûr, une image poétique puissante, introduit aussi l’inattendu et le trouble au sein de codes théâtraux bien rôdés. En effet le maître mot du spectacle est « laisser être », c’est-à-dire renoncer à s’approprier, restituer en sa liberté, surprendre les créatures dans leur jaillissement. Un fragile équilibre se construit ainsi, entre danseurs et oiseaux, patiemment, dans une attention et un rythme partagés, mais sans cesse bouleversé par la libre impulsion des oiseaux, inventant à chaque fois une chorégraphie différente.
De cette rencontre entre danseurs et volatiles naît un dialogue inattendu et éminemment poétique entre ciel et terre en une danse lente qui nous suggère un nouveau monde empreint de respect et de complicité entre espèces.
La scène est un résumé complet du monde. Sur le plateau, l’homme a les pieds sur terre, au sol. L’espace au-dessus de lui est réservé à la lumière, je veux y faire un lâcher d’oiseaux comme un lâcher silencieux de « grandes images » pour accéder à l’inconnu qui s’éveille à la vue d’un oiseau qui vole, qui passe en volant et permet la subtile opération de l’esprit qui se concentre après sa disparition. »
Luc Petton
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❤ La confidence des oiseaux, migration d’été
Le Guetteur – Luc Petton et Cie
Concept et chorégraphie : Luc Petton
Durée : 1 heure
Spectacle vu le 22/07/2008 au Festival d’Avignon off.
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