Comment s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s’appelaient-ils ? Que vous importe. D’où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l’on sait où l’on va ? Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien ; et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut.
Le valet Jacques voyage avec son maître. Pour combler l’ennui, il lui promet de lui raconter ses aventures amoureuses, mais son récit est sans cesse interrompu par des incidents extérieurs, des pensées philosophiques, ou encore des « histoires » autonomes venant se substituer au récit initial… Et de questionnements en digressions, Jacques apparaît comme un serviteur espiègle, aux réparties rouées ou impertinentes, plus sagace que son maître. Il nous livre à la fois une critique sociale et une mise en cause du libre-arbitre. En effet, Jacques est persuadé que tout ce qui doit arriver sur terre est déjà écrit « là- haut », d’où son surnom de « fataliste ».
Seul en scène, le comédien Pierre Barayre, truculent, endosse tous les rôles : à la fois Jacques, son maître, l’aubergiste, la donzelle, ou encore le mystérieux narrateur, incorrigiblement bavard et malicieux, qui, régulièrement, apostrophe les spectateurs… Une seule voix et un seul corps pour retranscrire la matière foisonnante du roman satirique de Diderot où se croisent récits édifiants ou grivois, dialogues, sentences, réflexions philosophiques ou morales… La prestation est parfois un peu confuse, mais toujours pleine d’énergie ! Tour à tour maître de cérémonie, conteur, imprécateur, confident, provocateur, complice ou énigmatique, ce beau-parleur livre sa pensée et interroge régulièrement le public (mais aussi sa bouteille) sur la nécessité que cela puisse continuer… et le public en redemande !
Photo : Ariane Ruebrecht
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⭐ Jacques le fataliste
D’après le roman de Denis Diderot
Mise en scène de Pascal Papini
Avec Pierre Barayre
Durée : 1h40
Spectacle vu le 15/02/2013 à la Scène Nationale d’Albi.
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