[danse contemporaine] « Badke » de Koen Augustijnen, Rosalba Torres Guerrero et Hildegard De Vuyst / KVS, les ballets C de la B et A.M. Qattan Foundation

Tout commence dans le noir… Petit à petit, on perçoit le son de voix, celui de pieds frappant le sol et de corps qui se déplacent… Premiers balbutiements d’une danse qui, bientôt, va surgir en pleine lumière, en un tourbillon de musique, de couleurs, de gestes effrénés ! Des corps bondissent, des sourires jaillissent, un ouragan d’énergie éclate sur scène : Badke offre un fulgurant moment de danse !

Badke © Danny WillemsPhoto : Danny Willems

Le titre Badke est une inversion de « dabke », nom d’une danse folklorique, conviviale et festive, pratiquée notamment dans les mariages et fêtes populaires au Liban, en Syrie et en Palestine. Le spectacle s’inspire de cette tradition en mettant l’accent sur le côté collectif de cette danse, en la croisant avec des influences venues d’autres régions du monde : capoeira, danse contemporaine, battle hip-hop, rock acrobatique se glissent dans l’ensemble avec une fluidité parfaite ! Sur scène, 10 jeunes performers palestiniens insufflent une vie nouvelle à cette coutume locale : sur le rythme énergique d’une musique aux sonorités traditionnelles modernisées, ils dansent, corps et âme ! Et les séquences se succèdent, magnifiques de vitalité, en un enchainement de vagues toniques…

La beauté de Badke tient en grande partie à ses vastes mouvements de groupe, pleins de fougue, de joie, de vie, et portés par l’énergie inépuisable de ses interprètes qui emportent le spectacle vers des sommets physiques et émotionnels. Mais Badke est aussi émaillé de séquences plus intimistes, en solo, duo, ou trio. Le regard ne cesse de passer d’un côté à l’autre de la scène pour tenter de tout suivre. On surprend alors des moments inattendus et singuliers, des moments de rire, de tendresse, de plaisir mais aussi des moments de douleur, d’affrontement, de solitude… Ces courtes séquences, magnifiques dans leur sobriété et leur dignité, témoignent, aussi, d’un ancrage dans les sujets d’actualité (homophobie, sexisme…). Une menace diffuse plane…

Brutalement, la musique s’interrompt dans une série de crachotements, tandis que les lumières s’éteignent d’un coup : alerte à la bombe, couvre-feu, coupure accidentelle de l’approvisionnement électrique ? Les danseurs restent figés sur le plateau, lèvent les yeux au ciel, puis sortent peu à peu de leur torpeur et la danse redémarre alors, ainsi que la musique, et le plaisir revient, vif et envoutant !

Un spectacle loin d’être superficiel, beau, fort et vivifiant, mais aussi fragile, et très émouvant, qui hante le spectateur, longtemps…

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⭐⭐⭐  Badke
De Koen Augustijnen, Rosalba Torres Guerrero et Hildegard De Vuyst
Production: KVS (Bruxelles), les ballets C de la B (Gand) et A.M. Qattan Foundation (Ramallah)
Avec Samaa Wakeem, Ashtar Muallem, Fadi Zmorrod, Maali Maali, Mohammed Samahneh, Samir Samahneh, Atta Khattab, Yazan Ewedat, Salma Ataya, Farah Saleh, Ayman Safiah
Durée : 1h10
Spectacle vu le 02/12/2014 à la Scène Nationale d’Albi.

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