La famille de Jimmy, 11 ans, passe les vacances estivales à Cap-Rouge, dans une maison sur pilotis au bord du fleuve Saint-Laurent. Mais les pilotis sont pourris et menacent de céder et de livrer la maison aux flots ! Et, tout comme les pilotis, les relations au sein de cette famille sont elles aussi en décomposition : Mamie s’enfonce dans la névrose et manifeste un peu trop d’intérêt pour le voisin Thiers qui ressemble à Thierry la Fronde pendant que Papou, psychothérapeute, alcoolique, consacre la majeure partie de son temps à la rédaction d’une étude sur Ernest Hemingway et en néglige son épouse et son fils. Tous deux, Mamie et Papou, ont commencé de dériver bien avant que ne cèdent les pilotis pourris de la maison d’été…
– Merci. Une chose que je peux dire… tu le diras à personne ?
– Yes. No !
– Les pilotis sont pourris, Papou et Mamie aussi. […] (p. 145)
Quant à Jimmy, le narrateur, désemparé face aux défaillances de ses parents, il se réfugie dans son imagination au fil d’histoires échevelées, s’improvisant pilote de bateau, d’hélicoptère ou de voiture de course. « Je suis le plus grand menteur de la ville de Québec », dit et répète Jimmy, comme un leitmotiv, mêlant à son récit fantasmes et réalité, bribes d’échanges surpris entre les adultes et jeux improvisés avec Le Chanoine son chat ou Mary la petite voisine. Il est donc bien souvent difficile de démêler le vrai du faux dans ce récit désordonné et frénétique qui multiplie les chausse-trappes et les ellipses… un récit qui ne prend sens que petit à petit, au fil de la lecture.
Récit sous forme de SOS d’un enfant en quête de tendresse, roman sur la désintégration d’une famille et l’incommunicabilité entre ses membres, ce Jimmy est un roman qui reste hermétique, difficile à appréhender.
– BESOIN DE TENDRESSE, CROTTE DE CHAT ! BESOIN DE TENDRESSE ! Over. (p. 181)
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⛔ Jacques Poulin, Jimmy, éditions Actes Sud, 2012 (1969), 180 pages, 6,60 €.
Du même auteur : Chat sauvage & La Tournée d’automne.
Il bénéficie quand même d’un charme diffus, même si je suis d’accord il se laisse difficilement apprivoiser…
On est d’accord ! 😉
J’avoue que je n’ai pas eu la patience de l’apprivoiser… comme tu as pu le lire dans mon billet.
J’ai vu, oui, et je te comprends ! J’ai tenu jusqu’au bout parce que le livre est court, sinon j’aurais sans doute abandonné moi aussi. Mais, finalement, je ne regrette pas de l’avoir lu en entier, certains « détours » du récit prenant sens au fur et à mesure de la lecture.
J’ai peur que le côté désordonné me perde personnellement.
Clairement, on est perdu au début. Puis, petit à petit, les choses se mettent en place et le récit prend sens.
Un auteur que j’apprécie.
Même si je suis passée un peu « à côté » de ce livre-ci, de Jacques Poulin j’avais apprécié « Chat sauvage » et adoré « La Tournée d’automne ». Je ne compte donc pas en rester là avec cet auteur !
Je suis prévenu du côté décousu donc ça ne me fera pas trop peur si je me décide à le lire 🙂
Oui, une fois que l’on sait ça, on peut plus facilement persévérer…