Il sourit, d’un air las, amer, car lui aussi, lui plus que quiconque, aimerait savoir qui il est exactement. Pour l’heure, il sait seulement qui il n’est pas, qui il n’aura jamais été et ne croira plus jamais être : le fils des Dunkeltal. Une délivrance. Mais il se sent un défroqué – de son nom d’emprunt, de sa fausse filiation –, avec pour toute identité de remplacement, le nom d’un ours en peluche. Un nom que, faute de mieux, comme dans le passé, il se réapproprie.
Magnus. Alias Magnus. Sous ce vocable fantaisiste, il décide d’entrer enfin dans l’âge d’homme.
Ce roman est l’histoire d’une quête identitaire, celle du personnage principal, que nous allons appeler Magnus. Magnus a grandi en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, mais de sa petite enfance, avant ses 5 ans, il ne lui reste aucun souvenir, sa mémoire est totalement vide. Il ne lui reste de cette période que son ours en peluche qui porte autour du cou un mouchoir brodé à son nom en lettres bariolées : Magnus.
Ce roman est aussi la révélation d’un secret : celui des origines de Magnus, auxquelles il n’est relié que par son ours en peluche à l’oreille roussie, et qu’il va mettre toute une vie à reconstituer.
Le livre est bâti de façon originale : c’est un récit en désordre, composé de « fragments » en guise de chapitres, ponctué de trous et de blancs, entrecoupé de « notules », « séquences », « échos », ou « résonances »… Autant de scissions explicatives, historiques ou poétiques qui font écho à l’histoire de Magnus et sont nécessaires à la compréhension. Cette construction fragmentaire, sous forme de bribes, reflète le parcours du héros à la mémoire lacunaire, son errance géographique, sentimentale et psychologique alors qu’il essaie de reconstituer le puzzle de son identité.
Le tout forme un roman-puzzle certes audacieux, et à l’intention touchante, mais à la démonstration trop lourde pour être convaincante. Le style, froid et heurté, et cette construction éclatée m’ont tenue à distance du récit et de Magnus, qui manquent tous deux d’humanité.
« Magnus ?… Qui est Magnus ? » avait demandé May.
Magnus est un ourson de taille moyenne, au pelage très râpé, marron clair faiblement orangé par endroits. Il émane de lui une imperceptible odeur de roussi et de larmes.
Ses yeux sont singuliers, ils ont la forme et le doré – un peu fané – de la corolle de renoncules, ce qui lui donne un regard doux, embué d’étonnement.Magnus est un homme d’une trentaine d’années, de taille moyenne, aux épaules massives, au visage taillé à la serpe. Il émane de lui une impression de puissance et de lassitude.
Ses yeux, brun mordoré virant parfois à l’ambre jaune, sont enfoncés dans l’ombre des orbites, ce qui lui donne un regard singulier – de rêveur en sentinelle.
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⛔ Sylvie Germain, Magnus, éd. Albin Michel, 2005, 274 pages, 17,50 €.
C’est dommage que vous n’ayez pas aimé, mais c’est bien la première fois qu’un livre de Sylvie Germain manque d’humanité !
Je n’ai rien ressenti à cette lecture qui m’a laissée totalement impassible…
Tout pareil.
Je me rappelle un sentiment de confusion à la fin de ma lecture.
Ah ! Je ne suis donc pas la seule a avoir été sceptique face à ce roman !
Une lecture qui ne m’avait pas convaincue non plus.
Tu me rassures !
Je ne crois pas avoir lu celui-ci… et pourtant j’adorais cette auteur quand j’étais plus jeune.
J’avoue n’avoir rien lu d’autre d’elle du coup…
C’est toujours dommage … De cette romancière, je n’ai lu que « tobie des marais », que j’avais beaucoup aimé mais je me souviens que c’était particulier.
Bon, je tenterai peut-être « Tobie des marais » alors… Peut-être…
J’avais beaucoup aimé ce livre, qu’il faudrait également que je relise. Dommage que vous n’ayez pas aimé, je me souviens de cette découverte de la plume de Sylvie Germain comme d’une révélation.
Je suis totalement passée à côté ! C’est ainsi parfois… Tant pis !
J’ai adoré ce roman mais surtout la construction un peu particulière, l’écriture originale. Les goûts et les couleurs ça ne se discute pas :).
Exactement ! Il en faut pour tous les goûts ! 😉