Que dirais-tu si je me rasais la moustache ?
Depuis toujours, Marc porte une moustache. Un soir, pensant faire sourire sa femme et ses amis, il décide pourtant de la raser : miroir, ciseaux, rasoirs, les poils sont sacrifiés ! Mais quand Marc sort de la salle de bains, sa femme n’a aucune réaction. Même indifférence le soir chez des amis et le lendemain matin au travail. Et le dépit initial de Marc se mue petit à petit en défiance puis en panique quand femme et amis lui affirment qu’il n’a jamais eu de moustache.
Carrère explore l’humanité de son héros avec finesse et justesse : d’abord Marc croit à une plaisanterie, puis à une machination, avant de soupçonner sa femme d’être folle et, enfin, d’envisager sa propre folie… Et face à ces options aussi inquiétantes les unes que les autres, Marc adopte une stratégie radicale : la fuite en avant, entraînant le lecteur avec lui au bord du vide…
D’une simple péripétie pileuse Emmanuel Carrère fait un récit au carrefour des genres fantastique, psychologique, philosophique : La moustache est à la fois une métaphore sur le « réel », mais aussi un essai sur le couple et sur le besoin de reconnaissance, sur la façon dont le regard de l’autre ou, pire, son absence, nous affecte jusque dans notre propre faculté d’exister.
Un roman étrange et angoissant.
______________________________
⭐ Emmanuel Carrère, La moustache, éditions Folio, 2005 (1986), 182 pages, 5,10 €.
Du même auteur : L’adversaire.
J’ai lu ce roman il y a très longtemps, et je me souviens encore du malaise grandissant que j’avais ressenti en le lisant. J’avais beaucoup aimé ; merci pour ta chronique qui me rappelle ce bon roman 🙂
En effet, Emmanuel Carrère est très habile pour distiller le malaise !
Ca a l’air génial : je note ! Je veux savoir qui ment.
C’est un récit étrange, où l’on ne sait plus qui/que croire…
J’avais vu le film mais j’ai envie de découvrir le roman.
Je n’ai pas encore vu le film, mais je le visionnerai !
Il me fait un peu peur, ce roman… J’ai peur d’être un peu déroutée…
Il est déroutant, oui, mais intéressant aussi !
J’ai vu le film il y a quelques années et l’on ressent bien le malaise dont tu parles.
Il faut que je vois cette adaptation…
J’avais bien aimé ce livre et aussi deux ou trois livres de cet auteur qui traite la folie de manière subtile
De lui, je n’ai aussi lu que « L’adversaire », très déroutant roman autour de l’affaire Romand.
Un des rares romans de cet auteur qui m’a laissée perplexe, me demandant à quoi rimait cette histoire … qui pour moi, ne mène nul part, rien compris ! Mais L’adversaire, oui, très déroutant mais passionnant !
Un roman déroutant en effet !