Devenir est le récit autobiographique de l’ex-première dame des États-Unis, la première « Black First Lady » des États-Unis, de son enfance dans un quartier populaire de Chicago en passant par les années au cours desquelles elle a concilier sa vie d’avocate et de mère de famille, jusqu’à son séjour de huit années à la Maison Blanche. Avec, à chaque étape de son ascension, cette question qui l’obsède : « Suis-je à la hauteur ? » Car, au défi de réussir quand on est une femme parmi les hommes, s’est ajouté pour elle celui de réussir quand on est une femme noire dans un monde d’hommes blancs.
Arrière-arrière-petite-fille d’esclave, fille d’un employé municipal handicapé et d’une mère au foyer, elle grandit dans une famille modeste mais aimante et unie, aux valeurs fortes. Très tôt, elle sent qu’un combat est à mener, dont l’arme principale est l’éducation. Dotée d’une belle intelligence et d’une solide volonté, elle entre à Princetown puis à la très prestigieuse faculté de droit de Havard et intègre l’un des meilleurs cabinets d’avocat de Chicago. Et c’est à ce moment-là (et c’est l’un des passages les plus intéressants du livre), quand elle a atteint son objectif, quand elle a « réussi » (scolarité exemplaire, poste prestigieux, bon salaire), que le doute s’insinue en elle : sa vie et son travail ne lui plaisent pas. Et c’est aussi à ce moment-là qu’elle rencontre un certain Barack Obama…
Je n’avais jamais été de ceux qui s’apitoient sur les aspects décourageants de la situation des Afro-Américains. On m’avait appris à entretenir des pensées positives. J’avais assimilé l’amour de ma famille et la volonté de mes parents de nous voir réussir. […] Mon objectif avait toujours été de voir au-delà de mon quartier – de regarder droit devant moi et de triompher. Et c’est ce que j’avais fait. […] J’avais fait l’orgueil de mes parents et de mes grands-parents. Mais, en écoutant Barack, j’ai commencé à comprendre que sa vision de l’espoir dépassait largement la mienne. Se sortir de l’ornière était une chose. Essayer de combler l’ornière elle-même en était une autre. (p. 146)
Dans la deuxième partie, « Devenir nous », elle raconte sa rencontre avec Barack Obama, stagiaire dans son cabinet d’avocat. Elle a 25 ans, lui 28, il est charmant et brillant, mais une idylle est impensable : elle est sa tutrice, elle a décidé de faire une croix sur sa vie amoureuse pour mieux se consacrer à sa carrière, et en plus il fume ! Totalement rédhibitoire ! Et pourtant… Viennent ensuite le mariage, la naissance de leurs deux filles, et l’entrée de Barak en politique… Et la difficulté à concilier carrière professionnelle, vie familiale et vie politique. Enfin la troisième partie, « Devenir plus », aborde les années présidentielles : c’est, finalement, la partie la moins palpitant du récit. Corsetée par les rigueurs du protocole de la Maison blanche, Michelle s’ennuie un peu, et nous aussi.
Je ne suis généralement pas très adepte des autobiographies mais je ne regrette pas de m’être laissée tenter par celle-ci : l’écriture est agréable et fluide, le ton chaleureux et teinté d’humour et, s’il n’y a pas de grande révélation, il a beaucoup de sincérité. Michelle Obama évoque aussi bien sa vie personnelle (premières règles, premier baiser, premier amour, difficultés pour avoir un enfant, fausse couche, FIV et traitement hormonal, difficultés à maintenir une vie de couple quand Barak se lance en politique et s’absente souvent, ou juste quand le temps et le quotidien font leur œuvre…) que sa vie publique et politique (son désintérêt, voire son rejet, du monde politique, le quotidien d’une campagne électorale et ses chausse-trappes…). Elle se dévoile, femme de tête et de cœur. Sans occulter les difficultés, tant environnementales que personnelles, Michelle Obama livre un témoignage touchant et chaleureux et, surtout, un vibrant plaidoyer pour la tolérance et l’éducation.
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⭐ Michelle Obama, Devenir (Becoming), traduit de l’anglais (États-Unis) par Odile Demange et Isabelle Taudière, éditions Fayard, 2018, 494 pages, 24,50 €.
Je ne suis pas adepte non plus de ce genre de livres, mais ce que tu en dis pourrait bien me convaincre…quand j’aurai le temps 😉
Houlààààà… C’est pas gagné alors ! 😉
Je suis justement en train de le lire (en version audio) !
Il faudra me donner ton avis ! 🙂
Pourquoi pas? (j’aime bien cette femme)
C’est aussi ce que je me suis dit ! 😉
Une lecture qui doit être intéressante.
Intéressante en effet. Pas de grande révélations, mais un style agréable et des anecdotes touchantes.