[roman] (Les Rougon-Macquart, tome 4) « La Conquête de Plassans » Émile Zola

Retenez bien ceci, plaisez aux femmes, si vous voulez que Plassans soit à vous. (p. 101)

Acquise à Napoléon III dans le passé grâce aux intrigues de la famille Rougon (voir La fortune des Rougon), Plassans, paisible petite ville de province, est maintenant sous le contrôle des légitimistes. Prêtre ambitieux et bonapartiste, l’abbé Faujas est secrètement envoyé par l’Empire pour influencer l’échiquier politique et renverser le pouvoir en place. A son arrivée, l’abbé est hébergé par la famille Mouret. Il y a là François Mouret (fils d’Ursule Macquart), négociant en vins retraité, entouré de sa femme Marthe Rougon (fille de Pierre Rougon) et de ses enfants, Octave, Serge et Désirée. Cette gentille famille coule des jours paisibles et heureux, une vie simple et retirée. Mais cette tranquillité va être totalement bouleversée par l’arrivée de l’abbé Faujas, car la mission de l’abbé est claire : reconquérir Plassans, coûte que coûte ! Pour se faire, à force de manigances, l’abbé va parvenir à subjuguer les femmes, la belle société, la jeunesse et même le clergé ! Et le foyer des Mouret sera le microcosme où va se dérouler ce redoutable jeu de pouvoir : se retrouvant l’épicentre des intrigues mesquines ou cocasses de l’abbé, des drames et conflits qu’il provoque, ces « honnêtes gens » vont sombrer dans un déchaînement de violence, de la folie à la mort.

J’ai adoré le ton de ce livre, cette férocité sous une surface débonnaire : cette satire anticléricale est autant cruelle que jubilatoire ! Et puis, j’adore les personnages de Zola, son talent de portraitiste : il y a le bourgeois Mouret, sa bonhommie, son apathie, sa résignation ; la douce Marthe et sa lente métamorphose en dévote extatique et hystérique ; le couple Trouche, d’adorables canailles ; le bon abbé Bourrette, sincère et naïf ; et surtout, surtout, le sinistre abbé Faujas bien sûr ! Austère, hypocrite, despotique et machiavélique. Comme il cache bien son jeu, comme il manipule bien son monde ! Quelle magnifique et réjouissante galerie de fous, d’imbéciles et de coquins ! Et puis, il y a ces descriptions de la vie de province, où l’on s’épie de jardin à jardin, où les commérages font la saveur des discussions… Enfin, il y a ce final en apothéose et l’insensibilité des voisins qui contemplent le désastre comme au spectacle.

Roman psychologique construit autour du thème de la folie, La Conquête de Plassans est aussi et surtout une violente attaque contre le clergé. Zola dénonce avec délectation une Église ambitieuse et manipulatrice qui utilise la piété naïve des fidèles, notamment des femmes, pour des visées politiques.

______________________________

⭐⭐ Émile Zola, La conquête de Plassans, éditions folio classique, 1990 (1874), 417 pages.

20 commentaires sur “[roman] (Les Rougon-Macquart, tome 4) « La Conquête de Plassans » Émile Zola

Ajouter un commentaire

  1. J’ai commencé cette année à lire les Rougon Macquart et à en relire certains. J’en suis justement à ce tome ci (j’attends la fin du confinement pour me le procurer). Mais je me régale pour l’instant.

      1. J’en avais dû lire aussi quelques uns à l’adolescence, notamment La Curée que j’ai relu (et adoré) et Au bonheur des Dames.

      2. Je garde un bon souvenir de « Au bonheur des dames », mais comme je (re)lis la saga dans l’ordre, sa relecture n’est pas pour tout de suite !

      3. Un par mois, c’était mon ambition aussi… Je suis loin du compte ! ^^ Mais je progresse quand même, moins vite que prévu, mais je progresse !

      4. Le confinement a un peu coupé court, car je n’avais prévu que jusqu’au troisième tome. J’attends la fin du confinement pour me procurer la suite. Je ne manque pas de quoi lire en attendant.

    1. Ce n’est pas mon tome préféré non plus, mais une jolie découverte toutefois pour un tome sans doute parmi les moins connus de la saga.
      Prenez bien soin de vous et des vôtres aussi ! 🙂

      1. Mes deux tomes préférés sont, sans que je parvienne à la départager, Nana et au Bonheur des Dames. Ah ! Et La Bête humaine 😉

    1. Pas mon préféré non plus, pour l’instant je garde une préférence pour « Germinal » et « Au bonheur des dames ». Mais je n’ai pas encore tout (re)lu !

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Site Web créé avec WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :