Elle se dressait devant lui, souveraine, allongeant les bras. Elle répéta d’une voix haute :
– Entends-tu, Serge ? tu es à moi !
Alors, lentement, l’abbé Mouret se leva. Il s’adossa à l’autel, en disant :
– Non, vous vous trompez, je suis à Dieu.
Serge Mouret (fils de François Rougon et Marthe Mouret décédés tous deux dans La Conquête de Plassans) est le jeune abbé d’un petit village pauvre et isolé de Provence. Il y vit très simplement, porté par sa foi. Un jour il accompagne son oncle, le Docteur Pascal, au « Paradou », une superbe propriété laissée à l’abandon et pourvue d’un immense parc redevenu sauvage, magnifique et luxuriant. Il y rencontre le gardien, Jeanbernat, philosophe et athée convaincu, et la jeune Albine, la nièce de Jeanbernat.
A la suite d’une grave maladie, le Docteur Pascal envoie Serge en convalescence au Paradou, aux bons soins d’Albine. Serge, devenu amnésique, y découvre à la fois la luxuriance du monde et l’amour avec Albine. Mais bientôt la mémoire lui revient et, malgré sa ferveur devenue chancelante, il choisit de renoncer à Albine pour retourner à la prêtrise.
Si le propos anti-clérical de Zola est limpide – le désir refoulé chez les prêtres se traduit dans la haine des femmes (le frère Archangias) ou le mysticisme exacerbé (Serge) – la démonstration est poussive : c’est long, répétitif, et outrancier. Outrance dans les longues (interminables) descriptions du Paradou, de sa faune et de sa flore, Eden terrestre saturé de couleurs, de senteurs et de sève (et autant j’avais aimé les descriptions immersives des Halles dans Le Ventre de Paris, autant j’ai trouvé ici ces énumérations asphyxiantes) ; outrance aussi dans la relation entre Serge et Albine (la lutte de Serge contre son désir, la sensualité naïve d’Albine, et jusqu’à leurs pâmoisons voluptueuses, rien n’est crédible)… Quant aux personnages, Serge est insupportable dans ses extases mystiques et Albine est agaçante dans sa naïveté amoureuse. Seuls les personnages secondaires sont intéressants, mais bien peu présents : Archangias est drôlissime de vulgarité et de misogynie immodérée et Désirée (la sœur de Serge) est touchante dans son innocence et son amour pour les animaux.
Bref, un livre boursoufflé, aux métaphores bien peu subtiles.
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⛔ Émile Zola, La faute de l’abbé Mouret, éditions Le Livre de Poche, (1875), 386 pages.
Pas le meilleur de la série…
On est d’accord !
Je dirai la même chose que Keisha. J’espère que les suivants ne seront pas du même acabits.
J’ai poursuivi mon challenge depuis. J’ai lu « Son excellence Eugène Rougon » : bien ! Et je suis en train de lire « L’assommoir » : très bien !