Le 31 juillet,
Thomas meurt.
Thomas accepte de mourir. C’est ici, dans la maison de Saint-Clément, la maison de l’enfance, qu’il choisit d’attendre de mourir. Je suis auprès de lui. C’est encore l’été. J’ignorais qu’on pouvait mourir en été. (p. 11)
Thomas meurt et demande à son frère Lucas, le narrateur, de l’accompagner, de lui tenir la main, comme il l’a toujours fait, jusqu’au bout.
Ce récit pourrait être désespéré, affligeant, larmoyant… Il n’en est rien. Pourtant, tout y est dit de la colère, de la terreur, de la douleur, de la déchéance physique, de l’entourage qui fait défaut ou fait mal, de la violence médicale… Mais tout est raconté avec finesse, pudeur et beaucoup de sensibilité. Et puis ce récit est moins celui d’une agonie que la célébration de l’amour fraternel. Car pendant que Thomas s’éteint peu à peu, Lucas se souvient des étés sur l’île de Ré, du soleil écrasant, des baignades et des éclats de rires…
Lucas sait que depuis toujours lui, le frère aîné, n’a été que le frère de Thomas ; le frère d’un garçon plus charismatique et plus sociable que lui, un garçon que l’on a toujours préféré à lui. Il aurait pu y avoir rivalité ; il n’y a qu’amour. Alors, quand Thomas ne sera plus, qui sera Lucas ?
Thomas est venu au monde le 19 octobre 1973. […] Mes parents prétendent que j’ai éclaté en sanglots en l’apercevant la première fois, et je suis tout disposé à les croire. Je ne suis pas certain, pour autant, que cette crise de larmes avait nécessairement à voir avec l’arrivée d’un frère cadet. Je crois plutôt qu’il s’est agi pour moi d’un non-événement. Ce n’est que plus tard que Thomas a commencé à prendre de la place dans mon existence. Le 19 octobre 1973, il n’était encore rien.
Aujourd’hui, il est la totalité du monde. (p. 20-21)
Son frère est un récit terriblement beau et bouleversant.
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⭐⭐⭐ Philippe Besson, Son frère, éditions 10/18, 2010 (2001), 151 pages, 6,70 €.
Du même auteur : L’arrière-saison , Les jours fragiles & La trahison de Thomas Spencer.
Tu en dis juste assez pour éveiller ma curiosité.
J’ai essayé de ne pas trop en dire car le récit est court…