[roman] « La petite robe de Paul » Philippe Grimbert

La petite robe de Paul - Philippe Grimbert

Paul, la cinquantaine, marié à Irène, jouit avec elle d’une vie heureuse et tranquille. Un jour, au détour d’une rue, il s’arrête fasciné devant une vitrine de magasin pour enfants qui expose une jolie petite robe blanche. Touché sans savoir pourquoi par cette vision, il revient plusieurs jours après et, sans comprendre le sens de son acte, n’ayant ni enfant en bas âge, ni présent à offrir, il achète la robe, taille six ans. Jusqu’à ce qu’Irène découvre le curieux vêtement dissimulé dans le dressing de son mari…

Pourquoi Paul n’a-t-il pas parlé à Irène de l’achat inexplicable du vêtement ? L’événement, sans jamais être évoqué entre mari et femme, prend peu à peu dans la vie des deux époux une place considérable, et creuse entre eux un fossé toujours plus profond, les précipitant aux limites de la déraison.

En découle un inquiétant huis-clos conjugal révélant les glissements progressifs d’un couple. Peu à peu, les apparences d’un bonheur conjugal sans faille se lézardent ; on découvre que leur vie de couple s’est construite certes sur un amour intense et sincère, mais aussi sur des silences et des blessures profondes jamais partagées. L’intrusion de la petite robe blanche va servir de révélateur et faire voler en éclat les apparences : elle obsède, réveille les chagrins enfouis, les rancœurs, dénature les rapports du couple… Elle déclenche soupçons, jalousie, colère, fantasmes, cris, sang et larmes. Elle soulève un à un les non-dits, éclaire les actes manqués, déploie l’éventail des incidences de traumatismes refoulés.

Mais Paul et Irène sont tellement centrés l’un sur l’autre qu’il est difficile pour le lecteur de s’immiscer dans cette relation exclusive et de se sentir touché ou concerné : on reste extérieur à cette histoire, sans empathie. De plus, le roman garde une part de mystère quant aux traumatismes des deux protagonistes qui ne sont pas dévoilés dans leur intégralité, ce qui se révèle assez frustrant ! On peut donc regretter un certain manque d’incarnation et de vérité dans ce roman par ailleurs finement conduit, l’angoisse et la tension allant crescendo…

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⛔ La petite robe de Paul, Philippe Grimbert, éd. Grasset, 2001, 14,50 €.

2 commentaires sur “[roman] « La petite robe de Paul » Philippe Grimbert

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  1. Ca semble quand même bien étrange, ce roman. (Et… ô surprise… je viens de vérifier et je l’ai dans ma pile. Depuis quoi… 6 ans. Scaaaaary!)

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