[roman] « Balzac et la Petite Tailleuse chinoise » Dai Sijie

Dans la Chine rouge, à la fin de l’année 68, le Grand Timonier de la Révolution, le président Mao, lança un jour une campagne qui allait changer profondément le pays : les universités furent fermées, et les « jeunes intellectuels », c’est-à-dire les lycéens qui avaient fini leurs études secondaires, furent envoyés à la campagne pour être « rééduqués par les paysans pauvres ».

Dans les années 1970 la Révolution culturelle a donc exilé dans la montagne du Phénix du Ciel deux lycéens citadins, le narrateur et son ami Luo, à fin de rééducation dans les rizières. La vie est rude et laborieuse et, sous l’œil vigilant du chef du village, un communiste zélé mais un peu ignare, les deux garçons tentent tout simplement de continuer à vivre. Heureusement, deux évènements vous venir éclaircir la condition des deux amis : le premier est leur rencontre avec la Petite Tailleuse à la beauté envoûtante et le second, leur rencontre avec la littérature étrangère, interdite par la Révolution culturelle. Balzac, Victor Hugo, Stendal, Dumas, Flaubert, Baudelaire, Romain Rolland, Rousseau, Tolstoï, Gogol, Dostoïevski, Dickens, Kipling, Emily Brontë… à lire en cachette, tellement dangereux et tellement magiques, qu’ils changeront le cour de leur vie. Car Luo fait alors un serment : « Avec ces livres, je vais transformer la Petite Tailleuse. Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde. » Et, peu à peu, la lecture de l’œuvre de Balzac en particulier transforme la jeune fille qui devient une femme désireuse de découvrir la vie par elle-même…

Balzac et la Petite Tailleuse chinoise est un roman qui, s’il pêche parfois par sa naïveté, est empreint d’une grande sérénité. La douleur de l’exil et de la solitude affleurent rarement dans le récit, remplacées par une souffrance physique très présente mais jamais dramatisé. Au pathétique, Dai Sijie préfère la lutte et l’humour, et le regard décalé des deux garçons met en évidence les aspects comiques et pittoresques du monde qui les entoure. Rédigé dans un style fluide et malicieux, ce roman parfaitement maîtrisé et éminemment sympathique est un bel hommage à la puissance de la littérature et à l’espace de liberté et de rêve qu’ouvrent les livres.

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⭐⭐ Dai Sijie, Balzac et la Petite Tailleuse chinoise, éditions Gallimard, collection folio, 2001 (2000), 228 pages, 5,10 €.

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10 commentaires sur “[roman] « Balzac et la Petite Tailleuse chinoise » Dai Sijie

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  1. J’ai beaucoup aimé ce livre ainsi que l’adaptation cinématographique (vue en VO heureusement sous-titrée !) C’est un bel hommage à la littérature, notamment française.

  2. Je suis resté un peu sur ma faim à la lecture de ce roman, qui aurait pu être bien mieux traité je pense. C’est un peu léger, dans le mauvais sens du terme, même si ça reste une agréable lecture.

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