[roman] « Le saloon des derniers mots doux » Larry McMurtry

Le saloon des derniers mots doux - Larry McMurtry

Un chapeau descendait en tournoyant la rue principale de Long Grass, poussé par la seule force du vent, plutôt vif pour un mois de mars. Le chapeau à bords étroits était en feutre marron.

Nous sommes fin du XIXe siècle, à Long Grass, presque dans le Kansas mais pas tout à fait. Presque aussi dans le Nouveau-Mexique mais pas tout à fait. Certains ont même suggéré qu’on se trouvait peut-être au Texas. Mais tout dépend d’où s’arrête le Texas… Wyatt Earp, chasseur de bisons, marshall occasionnel tout autant que bandit occasionnel et probable escroc, y côtoie Doc Holliday, dentiste, joueur, as de la gâchette, alcoolique et tuberculeux. Les deux amis, désœuvrés, tuent le temps de bagarres en soûleries… Ils sont toujours des cow-boys, mais plus tout à fait… S’ils dégainent, ce n’est plus que pour se tirer dessus avec des balles à blanc pour le spectacle de Buffalo Bill ! Et puis maintenant les femmes tiennent tête aux cow-boys, et la plus belle pute du Texas sait compter le bétail et dresser un mustang : mais où va-t-on ? Seuls les Indiens jouent obstinément leur rôle : « torturer des Blancs était une excellente façon de passer l’après-midi ».

McMustry centre sont intrigue sur le duo formé par Wyatt Earp (taciturne, bourru et laconique) et Doc Holliday (affable et bavard). Ils errent de ville en ville, boivent, jouent, « putassent » et s’interrogent sur la légitimité de tirer sur les gêneurs… Outre l’intrigue principale suivant Wyatt Earp et Doc Holliday jusqu’à la fusillade d’O.K. Corral, plusieurs histoires parallèles suivent, pour un chapitre ou deux, les aventures d’un propriétaire de bétail nommé Charlie Goodnight, d’un lord anglais et de sa maîtresse exotique, de deux Indiens meurtriers, de Nellie Courtright la télégraphiste, de Buffalo Bill… La plupart d’entre eux ne sont pas liés à l’intrigue principale et semblent simplement flâner sans but au hasard du roman, sans trop savoir où ils vont ni pourquoi. Hélas, ces bribes d’intrigues qui se succèdent à aucun moment ne forment une véritable histoire. En outre, l’action est minimaliste. Même la célébrissime fusillade d’O.K. Corral est peu convaincante, sèchement expédiée, de la façon la moins spectaculaire possible. Un tiers de page, 8 phrases peu inspirées, et c’est fini. Quant aux personnages, ils sont tous assez plats et indifférenciés. Les femmes sont, toutes, des mégères exigeantes et insupportables, et les hommes des soiffards incultes qui roulent des mécaniques.

Au final, un roman frustrant a plus d’un titre : les dialogues sont souvent « guindés », les personnages sont pauvres et plats, les chapitres sont rachitiques, l’intrigue est décousue et quasi-inexistante, vaguement centrée sur la fermeture des frontières et la fin de l’époque de l’Ouest sauvage… Ainsi, si ce roman ne manque pas d’humour, il s’avère, hélas, bien trop exaspérant pour que l’on y embarque vraiment.

Un raté !

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⛔ Larry McMurtry, Le saloon des derniers mots doux (The Last Kind Words Saloon), traduit de l’américain par Laura Derajinsk, Éditions Gallmeister, 2015 (2014), 211 pages, 22 €.

10 commentaires sur “[roman] « Le saloon des derniers mots doux » Larry McMurtry

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  1. Ajoutons que les tortures indiennes ont eu raison de moi, et … abandon! J’ai bien fait. Mais n’oublie pas : Lonesome Dove est génial, lui!

    1. Oui, ce passage là est très dérangeant.
      Et je n’oublie pas pour autant « Lonesome Dove » dont j’entends beaucoup de bien ! 😉

  2. J’ai laissé tomber ce roman très vite, pour toutes les raisons que tu cites. Je referai une tentative avec cet auteur tout de même !

    1. Bon, ton avis et celui de Keisha me confortent ! Après tout le bien que j’avais entendu sur cet auteur, j’ai été particulièrement déçue par ce roman… Mais comme toi, je ferai une nouvelle tentative !

  3. Aïe, aïe ! Ouille, ouille ! Un de biffer dans ma liste, mais je garde « lonesome dove »
    Le Papou

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