Trois femmes vivaient dans un village. La première était méchante, la deuxième était menteuse, la troisième était égoïste. […] La première avait plus de quatre-vingt ans et était veuve. Ou presque. La deuxième avait trente-six ans et n’avait jamais trompé son mari. Pour l’instant. La troisième avait onze ans bientôt et tous les garçons de son école voulaient d’elle pour amoureuse. […] Toutes les trois étaient assez différentes. Elles possédaient pourtant un point commun, un secret, en quelque sorte : toutes les trois rêvaient de partir. […] Trois femmes vivaient dans un village. La troisième était le plus doué, la deuxième était la plus rusée, la première était la plus déterminée. A votre avis, laquelle parvint à s’échapper ? (p. 13-15)
Cela débute comme un conte de fées : il y a la petite fille espiègle, l’institutrice rêveuse trop séduisante, la vilaine sorcière en son moulin, le prince charmant en blouson de cuir et moto, et même un ange gardien (peut-être pas aussi angélique qu’il le paraît). Cela débute comme un conte de fée, mais bien vite cela dérape vers le conte noir…
Quand notre histoire commence, le jour paraît sur Giverny (le village cher à Monet), sur son étang aux nénuphars et sur le cadavre de Jérôme Morval, triplement assassiné : poignardé, assommé et noyé ! Enfant du pays et ophtalmologue de renom, Jérôme Morval était connu pour collectionner les toiles impressionnistes et les femmes. Chargé de l’enquête, l’inspecteur Sérénac se laisse distraire par la belle institutrice du village, femme du principal suspect. S’ajoute à cela Bénavides, l’adjoint tatillon et fugicarnophile de l’inspecteur Sérénac ; James, le vieil américain mi-peintre, mi-clochard ; Neptune le chien vagabond ; une ribambelle de gamins fouineurs ; une série de photographies compromettantes ; une carte postale énigmatique ; et une vielle dame acariâtre qui, du haut de son moulin et depuis des années, veille et surveille le quotidien des villageois. Rien ni personne n’échappe à son regard alors qu’elle-même sait se rendre invisible, simple silhouette courbée sur sa canne, se fondant dans le décor… Elle sera à la fois la spectatrice et la narratrice de l’enquête et des drames qui suivront.
Autant vous prévenir d’emblée : j’ai trouvé plein de défauts à ce Nymphéas noirs ! Le récit est indolent, le texte navigue entre longueurs, lourdeurs et redondances, les dialogues et les situations sont convenus, les personnages sont, pour la plupart, caricaturaux (à commencer par l’inspecteur Sérénac, totalement insupportable dans son aveuglement amoureux) et le final est d’une mièvrerie désespérante !
Et pourtant, j’ai englouti ce roman en deux jours, avec frénésie et bonheur ! J’ai aimé Nymphéas noirs pour son ambiance très réaliste de village-musée, « où tout le monde se connaît » et où tout semble figé, pour ses évocations de Monet et des impressionnistes, pour les références littéraires qui y sont parsemées, pour son duo, plutôt réussi, de l’inspecteur et son adjoint et leurs joutes verbales, pour son trio d’héroïnes attachantes (la fillette, l’institutrice et l’octogénaire) et pour son intrigue joliment ficelée qui défie le temps (malgré quelques facilités).
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⭐⭐ Michel Bussi, Nymphéas noirs, éditons Pocket, 2013 (2010), 492 pages, 7,80 €.
Du même auteur : Un avion sans elle.
Au final j’en ai gardé un bon souvenir aussi !
Une lecture prenante et agréable, malgré ses défauts !
Le roman m’avait fait découvrir l’auteur. J’en garde un bon souvenir.
Ma seconde lecture de cet auteur, après « Un avion sans elle », et je ne pense pas poursuivre : C’est agréable et facile à lire, mais au final il ne m’en reste pas grand-chose…
Je me suis complètement fait avoir par le dénouement !
J’avais un peu anticipé la chute, mais c’est tout de même vraiment bien fichu !
Bon, bon, bon… malgré les défauts, je pense que je le lirai juste pour le contexte!
Les référentes à Monet et aux impressionnistes rendent ce roman d’autant plus agréable et réjouissant.